À bien des égards, le rassemblement d’une heure vingt de Donald Trump qui s’est tenu à Conway, en Caroline du Sud, le 10 février 2024, ressemblait à ses évènements précédents. Trump a débuté en félicitant les dignitaires républicains locaux présents dans l’assistance. Il a ensuite saisi l’occasion de réciter son poème préféré, « Le Serpent », sa parabole « signature » qui porte son habituel message anti-immigration. Ensuite, le rassemblement s’est conclu par son habituel monologue de vingt minutes, qu’il a attentivement lu sur le prompteur, avec une musique dramatique en toile de fond, alors qu’il s’efforçait de renouveler sa promesse de « rendre sa grandeur à l’Amérique ». Toutefois, à l’instar de ses rassemblements précédents, une partie importante de son discours n’était pas scriptée, Trump improvisant et faisant des digressions sur ses « plus grands succès » y compris ses « histoires de Monsieur », mettant en scène des individus qui s’adressent à lui avec déférence en l’appelant « Monsieur ». Mais cette fois-ci, son improvisation a donné à l’une de ses « histoires de Monsieur » une tournure inattendue. Après quarante minutes, Trump a commencé à raconter l’une des anecdotes qu’il répète le plus souvent : comment il a persuadé un dirigeant européen – qui, comme toujours, le traitait avec déférence en l’appelant « Monsieur » – d’accroître ses dépenses en matière de défense en le mettant en garde contre le fait que les États-Unis ne défendraient pas son pays en cas d’attaque de la part de la Fédération de Russie.
L’un des présidents d’un grand pays s’est levé et a dit : « Eh bien, Monsieur [Sir], si nous ne payons pas et que nous sommes attaqués par la Russie, allez-vous nous protéger ? » J’ai répondu : « Vous n’avez pas payé ? Votre compte est à découvert ? » Il a dit : « Oui. Imaginons que ça arrive ». Non, je ne vous protégerai pas. En fait, je les encouragerai à faire tout ce qu’ils veulent. Vous devez payer, vous devez payer vos factures.
Effectivement, certaines traductions des médias, telles que celles du Parisien, du Monde et du Devoir, n’ont pas véritablement capté la menace sous-jacente dans le langage familier employé par Trump : « In fact, I would encourage them [les Russes] to do whatever the hell they want. » Comme on pouvait s’y attendre, la foule « Make America Great Again » (MAGA) a applaudi bruyamment, comme elle le fait systématiquement lorsque Trump critique l’OTAN.
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