Quelques heures à peine après la spectaculaire razzia menée par le Hamas en franchissant la frontière israélienne le samedi 7 octobre, les yeux de nombreux experts se tournaient déjà vers la République islamique d’Iran. Le choc de l’incursion dans le territoire israélien, l’ampleur et la sophistication de l’opération ont amené plusieurs d’entre eux à douter qu’elle ait pu être entièrement planifiée et coordonnée par l’organisation dirigée par Ismail Haniyeh, sans intervention extérieure. Alors que les autorités iraniennes applaudissaient les attaques menées par les commandos palestiniens, plusieurs ont émis l’hypothèse que l’Iran pouvait être derrière cette action terroriste sans précédent. Au-delà du degré d’implication du régime iranien dans l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », qu’il est encore difficile de déterminer avec certitude, il convient aussi de se poser les questions suivantes : dans quelle mesure les Mollahs et les Gardiens ont-ils intérêt à cette brusque flambée de violence au Proche-Orient et quelles pourraient être les conséquences à plus long terme d’un regain des tensions avec Israël et ses alliés ?
Soupçons d’implication directe
Le niveau de planification et d’expertise requis pour une telle attaque a soulevé la question de savoir si le Hamas a agi seul – et celle de savoir si le mouvement palestinien a reçu de l’aide de son soutien de longue date dans la région, l’Iran. Alors que les premières images de l’opération défilaient sur les écrans du monde entier, le Wall Street Journal s’empressait d’affirmer que des officiers du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), l’armée idéologique de la République islamique, avaient préparé, avec le Hamas, les incursions aériennes, terrestres et maritimes sur le territoire israélien et qu’ils avaient personnellement donné le feu vert le lundi précédent l’opération. Au cours du week-end fatidique, en marge d’une rencontre franco-allemande à Hambourg, le président Emmanuel Macron a estimé « vraisemblable » que le Hamas ait bénéficié d’« aides » dans son opération contre Israël. « Je n’ai pas de commentaire à faire sur une implication directe de l’Iran dont nous n’avons pas la trace de manière formelle », a-t-il néanmoins ajouté.
De fait, Téhéran a été l’une des toutes premières capitales à saluer l’audacieuse opération lancée par le Hamas, un mouvement que la République islamique défend et finance ouvertement depuis de nombreuses années. « L’Iran soutient la légitime défense de la nation palestinienne », a déclaré dès le lendemain de l’attaque le président Ebrahim Raïssi : « Le régime sioniste et ses partisans […] doivent être tenus pour responsables dans cette affaire ». Pour sa part, l’ayatollah Ali Khamenei, la plus haute autorité du pays, a surenchéri en déclarant que : « Ce régime usurpateur est un cancer qui sera sûrement éradiqué par le peuple palestinien ». Une semaine avant l’attaque, le Guide suprême iranien et le président de la République avaient conjointement conjuré les pays arabes de ne pas pactiser avec Israël pour assurer leur sécurité en ajoutant que le faire reviendrait à « miser sur le mauvais cheval ».
Lors de sa visite au Liban au début du mois de septembre, le ministre des Affaires étrangères iranien, Hossein Amir-Abdollahian, avait rencontré des responsables du Hezbollah libanais, du Hamas et du Djihad islamique palestinien. Le chef de la diplomatie iranienne avait alors réitéré à ces forces de l’« axe de la résistance » – une alliance politique et militaire informelle anti-occidentale, anti-israélienne, anti-saoudienne et pro-iranienne – la promesse de l’appui indéfectible de Téhéran. En avril, le haut dirigeant politique du Hamas, Ismail Haniyeh, s’était déjà rendu à Beyrouth pour rencontrer Hassan Nasrallah, allié de longue date de Téhéran et secrétaire général de l’organisation chiite Hezbollah lui-même armé et financé depuis 1982 par les Gardiens de la révolution islamique.
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