Alors que les tensions entre la République populaire de Chine (RPC) et les États-Unis se sont intensifiées à propos de Taïwan au cours des derniers mois, le risque d’une guerre dans la région augmente. À la suite de la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, à Taipei en août 2022, Pékin a procédé à des exercices militaires intensifs et à tir réel autour de l’île, et des exercices militaires taïwanais s’en sont ensuivis. Alors que le gouvernement chinois ne renonce pas à la possibilité d’utiliser la force pour rattacher Taïwan à la RPC, les États-Unis promettent de leur côté de protéger l’île en cas d’attaque de la Chine. Il est indéniable que personne dans la région indopacifique ne souhaite voir un conflit qui opposerait les deux côtés du détroit. La République de Corée (ROK, Corée du Sud) est particulièrement préoccupée par le problème de Taïwan et ce, pour au moins deux raisons. Tout d’abord, Séoul s’inquiète du fait que les États-Unis pourraient consacrer leurs forces militaires à repousser une agression contre Taïwan, laissant ainsi la Corée du Sud seule face à l’insécurité dans la péninsule. La deuxième raison a trait au fait que la Corée du Sud pourrait être piégée dans une guerre en tant qu’alliée des États-Unis et devrait donc lutter contre la RPC. Ces deux éléments ne s’excluent pas mutuellement et placent le gouvernement de la République de Corée face à un dilemme épineux dans l’élaboration de sa politique étrangère. Cet article ne part pas du principe qu’une guerre entre Taïwan (et les États-Unis) et la Chine est hautement probable. Il ne prétend pas non plus qu’une telle guerre est inévitable. Toutefois, envisager la manière dont les Sud-Coréens réagiraient dans le pire des scénarios (une guerre dans le détroit de Taïwan) peut nous aider à évaluer la valeur et l’utilité de l’alliance entre les États-Unis et la Corée.
***
Pour poursuivre la lecture, rendez-vous sur la site du Rubicon !
Cet article est la version écrite d’une contribution faite le 2 juin 2022 lors d’une conférence « Is War over Taiwan Coming? » tenue à l’Université du Québec à Montréal.
Dr. Hyon Joo Yoo est professeure associée au département des sciences politiques de l’université Hankuk à Séoul. Hyon Joo Yoo a été membre permanent du corps enseignant de l’université Trinity à San Antonio, au Texas et boursière pour l’Asie du Nord-Est au East West Center à Washington, D.C. Elle a également été boursière de l’East Asia Institute (EAI) et de la Korea Foundation. Ses recherches portent sur l’alliance avec les États-Unis, la sécurité en Asie de l’Est, la politique étrangère de la Chine, la politique coréenne et la théorie des relations internationales.
Les commentaires sont fermés.