L’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a pris de nombreux responsables politiques italiens au dépourvu, parmi lesquels Giorgia Meloni, présidente du Conseil des ministres depuis octobre 2022 et dirigeante du parti national-conservateur et d’extrême droite Fratelli d’Italia (FdI). Lors d’un sommet en 2023, environ 18 mois après le début du conflit, Meloni l’a ouvertement reconnu : « En 2014, l’ampleur de la situation n’avait pas été pleinement saisie en Occident, et nous avions peut-être espéré que l’expansionnisme impérialiste de Moscou s’arrêterait là. Nous nous sommes trompés, et il est important de le reconnaître ».
Depuis février 2022, l’Italie a pris des mesures significatives de soutien diplomatique, humanitaire et militaire en faveur de l’Ukraine. En matière d’aide militaire bilatérale, l’Italie se classe aujourd’hui au 12e rang mondial avec 1,34 milliard d’euros (soit 2,01 milliards de dollars canadiens). Cependant, pour ce qui est de l’aide militaire lourde, elle grimpe au 7e rang avec 0,84 milliard d’euros (1,26 milliard de dollars canadiens), notamment grâce à l’envoi d’obusiers de 155 mm/152 mm, de lance-roquettes multiples (MLRS) et d’un système avancé de missiles sol-air (NASAMS).
Pour certains analystes, la position de l’Italie à l’égard du conflit en Ukraine peut apparaître comme difficile à appréhender dans toute sa complexité. D’une part, l’opinion publique italienne est parfois perçue comme plus sensible à la Russie qu’au sein de certains autres pays occidentaux, alimentée par des liens historiques, culturels et économiques qui auraient favorisé une relation plus coopérative entre Rome et Moscou. D’autre part, l’émergence depuis 2018 d’un populisme notamment pro-russe, au sein même du gouvernement, nourrit cette complexité. Certains de ces partis, notamment la Lega avec Matteo Salvini, ont entretenu des liens institutionnels et politiques avec le parti de Vladimir Poutine en Russie. Même si l’aide militaire fournie par l’Italie est relativement moins importante que celle fournie par d’autres pays, la forte condamnation de l’invasion russe par Rome aurait surpris Moscou, perçue comme un virage dans la posture italienne vis-à-vis de la Russie. Dès lors, comment interpréter l’engagement militaire de l’Italie en soutien à l’Ukraine ?
***
Pour poursuivre la lecture, rendez-vous sur le site du Rubicon.
Les commentaires sont fermés.