Résumé
Les travaux de Mackinder sur le Heartland (1904) semblent connaitre un vif regain d’intérêt depuis l’avènement en 2013 du projet chinois des nouvelles routes de la soie, ou Belt and Road Initiative (BRI). Avec un important volet de liaisons continentales s’étendant à travers l’Asie centrale, la similitude entre la BRI et la théorie de Mackinder a intrigué nombre d’analystes, qui voient désormais dans le modèle du Heartland une grille de lecture pertinente pour appréhender la politique chinoise des nouvelles routes de la soie. Ce modèle conceptuel est-il réellement adapté? Il semble qu’il traduise mal la réalité.
Introduction
La modélisation géopolitique est un projet scientifique controversé. L’ambition de forger un modèle analytique global et permanent pour rendre compte de la relation entre l’espace et le pouvoir a donné lieu à des recherches importantes, notamment celles d’auteurs comme Spykman et Mackinder. Ces publications, en particulier l’introduction par Mackinder de la théorie du Heartland (1904), ont suscité beaucoup d’intérêt depuis l’avènement en 2013 de l’ambitieux projet chinois de la nouvelle route de la soie, ou la « Belt and Road Initiative » (BRI). En mettant l’accent sur les liens continentaux couvrant l’Asie centrale, la similitude entre la BRI et la théorie de Mackinder a frappé de nombreux analystes, qui voient maintenant dans le modèle du Heartland une grille d’analyse pertinente pour étudier la politique chinoise de la BRI. Mais ce modèle conceptuel est-il vraiment approprié ? Cet article décrit comment le modèle du Heartland est mobilisé dans le contexte du développement de la BRI chinoise, et souligne les risques scientifiques de s’appuyer sur des modèles analytiques au détriment de la recherche empirique. Pour une meilleure compréhension de la BRI, il semble plus pertinent de s’appuyer sur la recherche empirique.
La théorie géopolitique de Mackinder et son modèle intemporel
La théorie du Heartland est le nom donné à une analyse géopolitique globale de l’histoire du monde proposée par le géographe britannique Halford Mackinder (1861-1947). Mackinder s’est efforcé de comprendre les mécanismes de l’histoire du monde, en vue de définir des règles générales décrivant l’équilibre de la puissance. Dans l’article qu’il publia en 1904, Mackinder cherchait à dévoiler « a correlation between the larger geographical and the larger historical generalizations » (Mackinder, 1904, p.422). Mackinder associe une région déterminante, le Heartland, à l’orientation générale de l’histoire du monde. Cependant, l’existence d’une région pivot dans l’histoire politique du monde est invoquée mais jamais expliquée. En 1919, dans son livre Democratic Ideals and Reality, Mackinder a publié son célèbre prédicat:
Who rules East Europe commands the Heartland
Who rules the Heartland commands the World-Island
Who rules the World-Island commands the World.
(Mackinder, 1919, p.194).
Fig. 1. Localisation de la zone pivot, ou Heartland, dans la théorie de Mackinder (1904). Source: Mackinder (1904), p.435.
En 1943, Mackinder mobilise à nouveau sa théorie du Heartland. Il avertit que si, à la suite de la Seconde Guerre mondiale alors en cours, Moscou pouvait étendre son territoire vers l’ouest, l’URSS deviendrait la « greatest land power on the globe » (Mackinder, 1943, p.601). Cependant, ce raisonnement prospectif n’est pas plus fondé sur une analyse géographique empirique que l’article de 1904 ou le livre de 1919.
Un autre géographe et penseur précurseur de la géopolitique, Nicholas Spykman, est parvenu à une position diamétralement opposée en se basant sur le même type de raisonnement : une analyse historique, tout aussi eurocentrique que celle de Mackinder, qui l’a conduit à une conclusion finale affirmant le contraire du mantra de Mackinder :
Who controls the Rimland rules Eurasia, who rules Eurasia controls the destinies of the world (Spykman, 1944, p.43)
Dans l’analyse de Spykman, c’est dans le Rimland[1] que se trouve la base du pouvoir, et non dans le Heartland. Mais ni Spykman ni Mackinder ne fournissent d’éléments de démonstration tangibles pour étayer leur thèse, et ne parviennent pas à établir un lien de causalité convaincant, une relation explicative entre les zones qu’ils ont étudiées et les événements historiques.
L’avènement de la « Belt and Road Initiative » chinoise : la confirmation du modèle de Mackinder ?
Au cours des dernières années, plusieurs auteurs ont établi un lien direct entre la théorie du Heartland de Mackinder et la BRI chinoise. La BRI articule le développement de grands corridors de développement (NDRC 2015), en s’appuyant sur l’exploitation des principaux chemins de fer transasiatiques qui rappellent l’analyse de Mackinder : « Trans-continental railways are now transmuting the conditions of land-power, and nowhere can they have such effect as in the closed heart-land of Euro-Asia. » (Mackinder, 1904, p.434).
Ainsi, Leong Kok Wey (2019) note une forte corrélation entre la théorie de Mackinder et les développements maritimes et continentaux de la BRI. Invoquant cette théorie, Leong Kok Wey conclut que « If this geopolitical strategy is successful, China will ‘rule the Heartland’ and ‘command’ the seas » (p.3). Harper (2019) souligne le fait que l’expansion chinoise sur le continent asiatique bouleverse les intérêts des États-Unis : « One of the immediate implications of the BRI for the other external actors present in Eurasia is as a potential challenge… […]. It is this challenge that raises the spectre of Mackinder’s depictions of Eurasia with the BRI’s land corridors being a means to bypass maritime routes, which would adversely affect one of Washington’s primary strategic advantages in the form of its navy. » (p.117). Shukhla (2015) voit un parallèle direct entre les nombreux projets ferroviaires de la BRI en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est, et la théorie de Mackinder, dans laquelle l’expansion ferroviaire de la Russie est présentée comme une menace. Yu (2019, p.196) suggère que « The rivalry over the Eurasian Heartland marks a historical return of Mackinder’s Heartland theory. »
Plusieurs auteurs établissent ainsi un parallèle entre les développements de la BRI et la théorie de Mackinder, voyant dans ce parallèle la preuve que la Chine nourrit une stratégie mondiale et cherche à bouleverser l’ordre mondial, un raisonnement basé en grande partie sur une adhésion sans réserve à la théorie de Mackinder. « From a purely geographic perspective, the trajectory of the planned land-based New Silk Road (the Belt) aligns to a significant degree with Mackinder’s Heartland theory » (Shortgen, 2018, p.27).
« The Eurasian heartland remains the world’s geopolitical pivot, an idea as true a hundred years ago as it is today. The Eurasian heartland is the BRI’s birthplace, a necessary corridor for the Chinese-envisioned new continental economic reality » (Yu, 2019, p.10). La stratégie chinoise à l’égard du Moyen-Orient constitue « a global strategy designed to fulfill Chinese geopolitical ambitions. » Les autorités chinoises se seraient appuyées sur les déclarations de Mackinder : « Situé au cœur de ‘l’île-monde’ de Mackinder (1904), le Moyen-Orient représente un pivot pour l’établissement de la sphère d’influence chinoise, puisque ‘qui contrôle le cœur du monde commande à l’île du monde, qui contrôle l’île du monde commande au monde.’ » (Maury et al, 2019, p.61).
D’autres auteurs voient dans les projets de la Chine la preuve de la validité de la théorie de Mackinder : « China’s cooperation with Russia, its Belt and Road Initiative, its growing presence in the Indian Ocean and Africa, and its burgeoning sea power are evidence of Mackinder’s prophetic powers » (Sempa, 2019).
Un débat scientifique désuet
Cependant, plusieurs auteurs ont déjà noté la simplicité scientifique des thèses de Mackinder et Spykman. Ó Tuathail (1996) a étudié la dimension mythique et orientée de la théorie de Mackinder, visant à proposer un modèle capable de légitimer la politique britannique en Asie centrale. Venier (2010) a souligné l’absence d’une « démonstration rigoureuse » de la théorie de Mackinder. L’héritage de ces modèles théoriques de l’école dite matérialiste ne pose plus de problème épistémologique pour l’école géographique en géopolitique, dont les chercheurs considèrent les travaux de Mackinder ou de Spykman comme des moments datés, des jalons dans l’histoire de la pensée géopolitique, mais sans grande valeur scientifique.
Les sciences politiques et la géographie étaient, au début du XXe siècle, à la recherche d’une respectabilité scientifique dans l’identification des lois du champ politique qui énoncent clairement les mécanismes formels qui relient l’espace au pouvoir (Lasserre et al, 2020a). Cette chimère de l’école matérialiste est aujourd’hui dépassée, mais elle a marqué durablement les réflexions en géopolitique. « A une époque où les principes de causalité et de détermination sont les références universelles, la géographie pense tenir avec la domination ou la lutte pour l’espace son explication toute faite » (Dussouy, 2006, p.112). Comme l’ont souligné Entin et Entina (2016, p.341), « It is not a surprise that Mackinder’s theory remains popular even now. Such simple, beautiful, artificial, convenient and all-explaining teachings are always in demand and easier to accept » Cependant, la valeur de la géopolitique ne réside pas dans la prédiction, une entreprise souvent risquée, mais dans l’analyse : « la géopolitique revisitée, loin de toute prophétie, dévoile un monde de possibilités » (Dussouy, 2001, p.50).
Une popularité contemporaine, le reflet des craintes occidentales ?
Pourquoi alors mettre autant l’accent sur le modèle de Mackinder lorsqu’on parle des projets chinois, plutôt que sur celui de Spykman, deux théories tout aussi globales et non démontrées ?
Les auteurs chinois se réfèrent rarement au modèle théorique de Mackinder, mais plutôt à des auteurs chinois comme Sun Tzu (Boillot, 2020). Par ailleurs, la pléthore de cartes en circulation représentant les projets de corridors chinois entourant l’Asie centrale et les routes maritimes dans une étreinte souvent présentée comme menaçante est une approche à prendre également avec précaution. La plupart de ces cartes sont fausses (Lasserre et al, 2020b) et non officielles – le gouvernement chinois ayant interdit la production de telles cartes approximatives en 2017 (Jones et Zeng, 2019, p.1425). Les médias et plusieurs chercheurs, dont des Chinois, ont été trompés par ces cartes inexactes.
L’interprétation d’une stratégie politique avec une théorie basée sur la lecture d’une autre rivalité (la Russie et l’Empire britannique), et surtout d’une théorie non prouvée et très contestable sur le plan scientifique, n’est pas nouvelle. Plusieurs auteurs ont déjà souligné que la théorie de Mackinder a été largement utilisée à Washington lors de la création de la politique américaine pour contrer l’Union soviétique pendant la guerre froide (Parker 1988, Sloan 1988 ; Brzezinski 1997).
Une position similaire semble contribuer aux craintes occidentales contemporaines concernant la stratégie territoriale de la BRI, ce qui est cohérent avec :
…an American tradition of focusing on map-based geopolitical and geostrategic thinking. This ‘cartohypnosis’ goes back to Halford Mackinder’s portrayal of the Eurasian landmass as the global ‘Heartland’. Stemming from Mackinder’s geopolitics, the idea of needing to prevent the Soviet Union from controlling this ‘Heartland’ […] governed much of American strategy during the Cold War […]. Thus, it is understandable that the BRI could easily be seen by Americans thinking in this tradition as a Chinese ‘great game’ intended to extend its geopolitical influence westward (Garlick, 2020, p.110).
Debié est du même avis :
Ainsi le succès de Mackinder ou Spykman pendant la guerre froide, le regain d’intérêt pour Haushofer, semblent inspirés par l’exercice cartographique. Les experts du Pentagone ou du Department of State qui, sur les cartes des années cinquante, voient grandir la tache rouge au centre de l’Eurasie et comparent les modèles cartographiques de Mackinder ou Spykman sont frappés par la ressemblance. Bientôt, les voilà convaincus de la valeur prophétique des modèles et du génie de leurs auteurs, puisque la carte dessinée en 1904 ou en 1944 a prédit ce qui est en train d’arriver dans les années 1947-56. (Debié, 1991).
Ainsi, comme Mackinder et Spykman, il apparaît que l’attrait de ces modèles théoriques et de leur appui cartographique global réside dans leur correspondance avec les préoccupations de l’heure. Mackinder a délibérément imaginé un modèle présenté comme éternel mais qui repose en réalité sur une lecture de la rivalité britannique avec la Russie, puis sur la peur de l’URSS. Il en va de même pour le modèle de Spykman, tout aussi général dans son discours, mais orienté vers l’endiguement de l’Union soviétique. Au moment de l’avènement de la Chine comme nouvelle grande puissance, il semble que le regain d’intérêt pour la théorie de Mackinder pourrait refléter la crainte des Occidentaux de voir leur prédominance politique remise en cause.
Implications pour le Canada
Le modèle de Mackinder, qui reflète l’état de la pensée géopolitique au début du XXe siècle, ne peut que s’avérer un piètre outil pour rendre compte des projets de la Chine en Asie par le biais de la BRI. Il semble que même si la tentation de mobiliser un modèle géopolitique pour s’attaquer à la complexité de la BRI est compréhensible, elle ne peut pas fournir d’analyses fructueuses. Le modèle du Heartland de Mackinder a été conçu dans un contexte spécifique de rivalité de grandes puissances entre la Russie et la Grande-Bretagne en vue de démontrer ce que Mackinder percevait comme l’urgence de protéger les intérêts de la Grande-Bretagne en Asie du Sud et en Asie centrale. Le modèle est donc spécifiquement et contextuellement orienté, sinon imparfait, puisque Mackinder l’a construit pour souligner la menace de la Russie. En outre, il surestime le risque de conflit et minimise délibérément d’autres éléments comme la coopération, le commerce et la géopolitique intérieure.
Afin de mieux comprendre les implications de la BRI en matière de sécurité, il ne faut pas s’appuyer sur des modèles archaïques et simplistes qui ne peuvent rendre compte de la complexité de la réalité actuelle. Pour les scientifiques et les analystes du gouvernement canadien, une approche efficace de la stratégie de développement de la « nouvelle route de la soie » de la Chine doit tenir compte des spécificités de l’actuel BRI, de l’Asie du XXIe siècle, et prendre en considération les éléments suivants :
- La BRI de la Chine ne se résume pas seulement au transport, mais c’est une dimension majeure du projet. Cependant, plusieurs des corridors et axes de transport développés par la BRI sont antérieurs à l’annonce de 2013 et ont souvent été conçus par d’autres pays ou institutions (Lasserre 2019) : ils reflètent donc les intérêts de plusieurs pays et pas seulement ceux de la Chine. Analyser la BRI à travers le seul prisme de l’intérêt de la Chine est donc trompeur.
- Les paramètres politiques qui orientent le développement des projets de la BRI reflètent en grande partie des considérations géoéconomiques locales ou régionales. Le premier développement des services ferroviaires transasiatiques a été largement impulsé par les fabricants occidentaux et la compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn afin d’améliorer leur logistique et de relier les filiales européennes et chinoises des usines de production. Ce projet est également cher à la Chine, qui le considère comme un outil de développement de la région du Xinjiang, sujette aux conflits. Une bonne compréhension des réalités sociales, économiques et politiques locales est une condition préalable à une bonne compréhension des enjeux de la stratégie de la BRI.
- Si la BRI est aujourd’hui considérée par plusieurs chercheurs comme ayant des dimensions géopolitiques, il serait irréfléchi de la considérer comme un simple outil politique destiné à favoriser la puissance de la Chine. La BRI est une stratégie de développement opportuniste qui intègre de nombreux secteurs économiques (dont, par exemple, les transports, les télécommunications, l’énergie, la santé, le tourisme, l’éducation et la culture) dans diverses régions selon des critères encore indéfinis et très généraux, dont plusieurs répondent aux mécanismes politiques et administratifs internes de la Chine (Jones et Zeng, 2019) mais aussi aux souhaits des États partenaires. La prise en compte des mécanismes de gouvernance des différents projets de la BRI est donc nécessaire pour éviter les erreurs.
- L’absence de critères systématiques dans la gouvernance de la BRI peut refléter le fait que cette stratégie en est encore à ses débuts. Les États partenaires de la Chine, les institutions et les médias exercent une pression croissante pour que le gouvernement et les banques chinoises fassent preuve de plus de transparence et de rigueur dans l’attribution des projets. L’échec de Hambantota[1] n’était pas un stratagème conçu par la Chine pour endetter le Sri Lanka et finalement prendre le contrôle du port, contrairement à ce que l’on pourrait croire ; il était plutôt le résultat d’une planification corrompue par les autorités locales et d’un enthousiasme excessif des autorités bancaires chinoises. Pour que le Canada puisse profiter de cette situation, il doit faire partie de la solution, ne pas rejeter la BRI, et donc participer activement à la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures et suggérer de participer à des projets de développement.
[1] Le port sri-lankais a été accordé à la Chine en 2017 sur un bail de 99 ans après que l’État sri-lankais se soit avéré incapable d’assurer le paiement de sa dette colossale. Le port, construit dans la région d’origine du président, n’a pas réussi à faire des bénéfices.
[1] Le Rimland, ou Croissant intérieur, est la zone littorale de l’Eurasie, la frange occidentale, méridionale et orientale du monde, densément peuplée et ouverte au commerce maritime.
Références
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