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L’armée canadienne est en proie à une « spirale mortelle ». C’est ainsi que le ministre de la Défense nationale, Bill Blair, a décrit l’état des Forces armées canadiennes (FAC) lors de la Conférence annuelle sur la sécurité et la défense d’Ottawa le mois dernier. Les remarques de Blair font référence à la profonde crise de recrutement et de rétention à laquelle l’armée canadienne est confrontée. Les FAC font face à un déficit de 16 000 personnes, soit environ 15 % de leur effectif autorisé de 71 500 membres dans la force régulière et de 30 000 réservistes. Malgré diverses initiatives telles que l’ouverture de l’armée aux résidents permanents, aucune amélioration significative n’est en vue. À peine moins de 1 % des demandes de résidents permanents pour rejoindre les forces régulières ont été acceptées, avec notamment 15 000 demandeurs ayant abandonné le processus de demande d’une longueur de 18 à 24 mois. Malgré les contrats de haut niveau conclus par le gouvernement canadien pour l’acquisition de nouveaux équipements tels que des F-35, des drones Predator et des P-8A Poseidon, l’incertitude persiste quant à la disponibilité du personnel nécessaire pour utiliser ces capacités une fois qu’elles seront opérationnelles, compte tenu du rythme actuel.
Les alliés et les critiques demandent à juste titre au Canada de respecter l’objectif de dépenses de défense à la hauteur de 2 % du produit intérieur brut tel qu’exigé par l’OTAN. Cependant, les défis auxquels est confrontée l’armée canadienne vont bien au-delà du simple manque de financement. La capacité du Canada à apporter une contribution significative aux opérations alliées majeures est sérieusement remise en question dans un avenir proche. Malgré une augmentation des dépenses de défense de 70 % entre 2017 et 2026, un rapport interne sur l’état de préparation des Forces armées canadiennes a été rendu public dans les médias la même semaine que les remarques de Blair. Ce rapport dresse un tableau sombre : la plupart des principales flottes du Canada ne sont pas disponibles ou sont inutilisables. En effet, en moyenne, seulement 45 % de la flotte aérienne du Canada est opérationnelle, tandis que la Marine royale canadienne peut opérer à 46 % de sa capacité et l’armée à 54 %. Cela signifie que même l’ambition modeste du Canada en matière de projection militaire – qui se limite à seulement trois frégates, deux escadrons de chasseurs et une brigade mécanisée – n’est pas garantie. En tant que neuvième économie mondiale et douzième en termes de PIB par habitant, le Canada apporte en réalité une contribution relativement faible à la sécurité de ses alliés et semble être incapable de soutenir ses propres objectifs militaires limités.
Peu d’indices laissent présager une amélioration prochaine pour l’armée canadienne. Le 8 avril 2024, le gouvernement canadien a annoncé un nouveau financement de la défense dépassant les 72 milliards de dollars sur les deux prochaines décennies. Cela devrait porter les dépenses militaires canadiennes à un maximum de 1,76 % du produit intérieur brut en 2029. Cette injection de fonds est bienvenue, s’ajoutant aux quelque 215 milliards de dollars que le gouvernement prévoit d’investir au cours des 20 prochaines années. Cependant, la majeure partie de ces nouvelles dépenses ne devrait être débloquée qu’au cours de la prochaine décennie et ne résoudra pas les problèmes immédiats de l’armée. Selon le chef d’état-major de la Défense, le général Eyre, il ne manque pas 16 000 militaires au sein des FAC, mais plutôt 30 000 afin d’être en mesure de mettre en œuvre la nouvelle politique de défense canadienne intitulée Notre Nord, fort et libre.
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