Il y a un an, Le Rubicon me faisait l’honneur de publier un article intitulé « Ukraine-Russie : une guerre de 20 ans » développant l’idée que nous étions désormais à la moitié de ce conflit, à la fois pour des raisons intrinsèques dues aux caractéristiques propres de cet affrontement engagé fin 2013 et des raisons extrinsèques résultant de l’application du concept managérial de la courbe du changement au déroulement des guerres de manière générale. Qu’en est-il un an plus tard ? En synthèse, « persiste et signe », avec au cœur un questionnement de fond sur la stratégie occidentale.
L’année 2022 a été marquée par le court-termisme de la conduite des opérations, de l’inattendue résistance initiale de l’Ukraine à sa victorieuse contre-offensive d’automne, accompagnée par l’aide conjoncturelle des États-Unis et de l’Europe au sens premier de « lié aux circonstances » : les Ukrainiens ont très largement eu leur destin entre leurs mains. L’année 2023 a été celle de la consolidation et de la structuration d’une aide dont l’Ukraine est désormais dépendante tant sur le plan militaire qu’économique, avec pour conséquence une marge de manœuvre plus réduite, comme l’a bien montré à la fois l’activisme diplomatique du président Zelensky et la pression politico-médiatique en faveur de la contre-offensive d’été. L’année 2024 sera celle de la soutenabilité de la guerre pour une Ukraine désormais tributaire des choix stratégiques occidentaux, lesquels ne cessent d’osciller entre mobilisation et renoncement.
Ces tergiversations créent un flottement, naturellement favorable à une Russie qui assume ses choix et parvient à les faire accepter par son opinion publique, au point que la question est passée en quatre mois de « l’Ukraine va-t-elle reconquérir la Crimée ? » à « la Russie peut-elle gagner la guerre ? ». Toutefois, après avoir autant investi en Ukraine et fait de ce conflit une illustration de la lutte entre démocraties et autocraties, les États-Unis et les Européens peuvent-ils se permettre un revers ? La rationalité commanderait de répondre par la négative, mais les faits sont têtus : tous les éléments à notre disposition montrent un renoncement par défaut de l’Occident, faute d’une adéquate mobilisation. Afin de discuter cette problématique, nous remettrons en perspective la situation politico-militaire avant de développer les contraintes portant sur la dynamique du conflit et enfin d’analyser les orientations politiques en découlant pour les différents acteurs.
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